Le jeu de Go est un jeu de stratégie majeur, d'une profondeur complètement comparable à celle du jeu d'échecs. Il n'est pratiqué en occident que depuis une petite cinquantaine d'années. Ses règles sont d'une simplicité enfantine (on en a quasiment fait le tour en 10mn), mais l'ampleur des possibilités de jeu est considérable, ce qui surprend les débutants et passionne les joueurs. Un de ses avantages est qu'il peut être joué entre personnes de niveaux différents, tout en conservant un intérêt tant pour le joueur plus fort que pour le joueur de niveau plus faible (grâce au système des "pierres de handicap"). 

 

Le Go se joue sur un plateau quadrillé (appelé "go-ban") et avec des pions noirs et blancs (appelés pierres), que les joueurs posent, à tour de rôle, sur les intersections du quadrillage. Il y a plusieurs taille de plateau : pour l'apprentissage (ou des parties rapides), on joue en général sur des petits plateaux de 9x9 intersections, mais une partie standard se joue sur le plateau 19x19. Quand vient son tour de jouer, chaque joueur pose une de ses pierres sur l'une des intersections, et il a le choix de la poser sur (quasiment) n'importe quelle intersection vide.

 

 

Une fois posées, les pierres ne bougent plus, bien qu'elles puissent éventuellement être retirées du plateau (on dit qu'elles ont été faites prisonnières, les pierres étant complètement assimilables à des soldats prenant place sur un champ de bataille). Le but du jeu est de délimiter des zones du plateau avec ses propres pierres, zones qu'on appelle territoires : plus ces zones sont grandes, plus elles rapportent de points à la fin de la partie, mais plus elles risquent également d'être envahies par les pierres adverses et de perdre leur valeur, voire de bouleverser l'équilibre de la zone. La partie se termine quand les joueurs se sont "réparti le plateau" et que personne ne souhaite ou ne peut attaquer les zones de l'adversaire : le gagnant est celui ou celle qui  a délimité les zones les plus grandes (chaque intersection vide d'une zone valant 1 point). Pendant la partie, certaines pierres peuvent devenir capturées, mais la capture des pierres adverses n'est pas l'objectif du jeu.

 

 

Aperçu de la philosophie et des bénéfices du jeu de Go

Dans le jeu de Go, il y a certes des aspects "techniques" à découvrir et maîtriser (séquences de coups à se représenter mentalement pour chercher son meilleur prochain coup, schémas usuels de début ou de fin de partie, séquences de "combat"), mais ils sont au service de la stratégie, qui est la caractéristique fondamentale de ce jeu. Cette dimension stratégique, qui fascine les débutants comme les joueurs aguerris, est d'autant plus facile à percevoir que l'analogie entre le plateau et un champ de bataille est évidente dès les premières parties. Et les analogies entre des comportements de jeu et des attitudes de la "vraie vie" sont légions (ce qui est très intéressant pour le développement de l'enfant en particulier) : prise de risque (et conséquences de la non prise de risque), conséquences néfastes (retours de bâton) de la jalousie (des possessions du joueur adverse), (im)patience, acceptation de la nécessité d'équilibre (sous peine de le payer plus tard),...

Les bénéfices classiques des jeux en général, et des jeux de stratégie en particulier, sont bien sûr présents (développement de la concentration, élaboration d'un plan de jeu, respect de l'adversaire et du résultat final), mais il y a une composante constructive dans le jeu de Go qui tranche avec le côté plus destructeur des autres jeux de stratégie comme les échecs, les dames, le stratégo, jeux de simulation... Une partie de Go n'est certes pas une rivière tranquille, elle comprend des moments assez rudes ! Mais détruire tout ce que possède l'adversaire n'est ni le but, ni faisable : il faut plutôt chercher à faire pencher la balance de son côté, cela suffit pour gagner. Construire des zones, construire une stratégie gagnante de partage du territoire, en sachant doser prise de risque et précaution, c'est le sel du jeu de Go !